FLEXIBLE, HOP HOP!

C’est l’histoire de Un et Deux, employés chez Interklang, l’usine où l’on produit les meilleurs Klang ! du marché. Pourtant, même sans machine et avec toutes les aides possibles, c’est encore trop cher pour leurs patrons. La pépinière de réinsertion pourra-t-elle les aider à trouver la solution ?

Le travail d’un auteur contemporain est de décrire, avec sa langue, notre monde. Pour intellectuelle qu’elle soit, cette phrase convient admirablement bien à ce Flexible, Hop Hop ! d’Emmanuel Darley. En effet, s’il n’est rien dans ce texte que nous ne connaissions déjà – la fuite en avant des Cost Killers qui sacrifient la qualité d’un produit à l’augmentation toujours insatisfaite des marges, le désarroi des ouvriers élevés dans l’amour du travail bien fait qui voient leur métier perdre peu à peu de son sens, l’impossible dialogue avec la « reconversionniste » qui considère l’ambition comme la seule réponse à l’absence d’emploi, la vanité des efforts du politique pour transformer l’ex-entreprise en usine à touriste - c’est dans la capacité de son écriture ultra efficace à nous représenter notre monde que réside tout son intérêt. Un monde où il importe peu de savoir où l’on va, la seule chose qui compte étant d’y aller le plus vite possible.

L’évolution du langage n’est pas une conséquence de la transformation de la société, mais au contraire un moyen de produire du consentement et de la résignation. Entendre dans la bouche de syndicalistes l’expression « plan social » remplacer le mot « licenciement », avant d’être à son tour remplacée par l’expression « plan de sauvegarde de l’emploi », prouve que la guerre économique a choisi le langage comme premier champ de bataille.

Mise en scène: Yannick Toussaint

Manipulateurs: Romain Dieudonné, Bruno Salvador, Yannick Toussaint

Auteur: Emmanuel Darley

© Walter Caverivière